LA FEUILLE D'ÉRABLE

Victor Mercier, 12 ans



Il y a plus de 30 000 ans, dans les terres gelées du nord du Canada, mon peuple, les Inuits, vivait en harmonie avec la nature. L'hiver, impitoyable, recouvrait les montagnes et les rivières de neige, et la glace semblait infinie. La chasse, notre principale source de nourriture, devenait de plus en plus incertaine. Les rennes migraient plus au nord, et les animaux que nous chassions disparaissaient.

Un matin, les aînés se réunirent autour du feu. Taqiq, mon grand-père, prit la parole : "La terre ne nous nourrit plus comme avant. Nous devons chercher une nouvelle voie."


Kalluk, un chasseur respecté, ajouta : "Nous avons exploré tous les territoires autour de nous. Où aller ?"


Je me levai, déterminé. "Je vais partir vers l'est, au-delà des montagnes. Peut-être y trouverons-nous une solution."


Taqiq me fixa, inquiet. "C'est un chemin périlleux, Nuka. Les montagnes sont impitoyables. Mais si tu crois que c'est la voie, alors va."


Sans attendre, je partis seul, bravant la neige et les tempêtes. Après plusieurs jours de marche, j'étais épuisé, ma peau gercée par le froid. Un matin, je traversai une vallée, le vent soufflant violemment. Les montagnes semblaient m'étouffer, et le ciel était d'un gris lourd. Je n'avais plus de provisions, et la neige semblait engloutir tout sur son passage


Soudain, une tempête se leva. Un vent glacé me balaya, et je perdis rapidement l'orientation. La neige tombait si dense que je ne pouvais plus voir à un mètre devant moi. Mes jambes se faisaient lourdes, mes forces m'abandonnaient. À force de lutter contre les rafales, je trébuchai et tombai dans un ravin. La douleur d'une jambe cassée m'envahit, et je compris que sans aide, je ne survivrais pas. La température glaciale me paralysait. L'obscurité de la tempête me gagnait, et je sentais mes yeux se fermer peu à peu. La mort semblait inévitable.

Après avoir circulé durant 154 ans, la pièce de 1 cent a tiré sa révérence en 2012. Son coût de production était devenu trop important par rapport à sa valeur faciale.


Symbole


Le motif des deux feuilles d'érable, qui illustrent la pièce de 1 cent, a été utilisé pour la première fois en 1937. Il est l'oeuvre de l'artiste G.E. Kruger-Gray (KG).


Les peuples autochtones habitant l'est du pays appréciaient l'érable en raison de sa sève sucrée et des biens dérivés. Bien que cet arbre ait fortement marqué les premiers colons, ce n'est qu'au XIXe siècle que la feuille d'érable commence à apparaître comme un symbole d'identité nationale.

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Avant que tout ne sombre dans l'obscurité, une lueur étrange m'aveugla un instant. Une silhouette fine apparut au bout de la vallée, juste avant que la tempête ne m'emporte complètement. Je voulais crier, mais mes lèvres étaient gelées. Elle s'approcha, m'observa brièvement, puis disparut dans la neige, comme une ombre emportée par le vent. Cette apparition me laissa dans un état de confusion, mais mes pensées s'éteignirent dans un dernier souffle.


Je me réveillai plus tard, dans une grotte de rochers, tremblant de froid, mais vivant. La tempête avait cessé, et je n'étais plus dans le ravin où je pensais avoir succombé. L'endroit était paisible, silencieux, comme un sanctuaire caché. Je n'avais aucun souvenir de ce qui m'avait sauvé. Peut-être la silhouette mystérieuse, ou un autre esprit de la nature, mais tout cela restait flou dans ma mémoire. Ce que je savais, c'était que je devais continuer.


Le lendemain, je repris ma route, mes forces à bout, mais une détermination nouvelle me guidait. Je traversai une vallée et une brise douce souffla soudainement, faisant tomber une feuille d'érable rouge, brillante, devant moi. Étrange dans ce monde de glace, elle semblait être un signe. Je la ramassai, perplexe mais ému.


Alors qu'elle reposait dans ma main, un groupe de loups arctiques, affamés, apparut. L'un d'eux, plus audacieux, s'approcha de moi. Il renifla la feuille d'érable et la repoussa doucement, avant de se tourner vers les autres loups, comme s'il leur montrait un chemin à suivre. Je compris alors que, comme ces loups, nous devions chercher ensemble, nous adapter pour survivre.

Je rentrai au village, la feuille d'érable serrée dans ma main. À mon retour, Taqiq m'attendait. "Alors, Nuka, qu'as-tu trouvé ?"


Je tendis la feuille vers lui. "Nous devons nous adapter. Comme les loups qui trouvent leur chemin, nous devons nous réinventer pour survivre."


Taqiq, après un long silence, hocha la tête. "Comme l'érable, qui perd ses feuilles pour en donner de nouvelles. Nous devons aussi changer pour renaître."


Et ainsi, nous décidâmes, unis, de nous transformer et de nous adapter aux défis à venir. La nature, elle, continuerait de nous guider.