L'ÉPOPÉE DE LA FEUILLE D'ÉRABLE

Charlotte Mercier, 10 ans


Printemps


Bonjour. Je suis une feuille. En fait, pour être plus précise, une feuille d'érable. Finalement je vous ai menti. Je ne suis pas une feuille... du moins pas encore. Je suis un bourgeon. Tout petit. Je ne peux que

penser, voir et espérer. Espérer qu'un écureuil ne me mange pas. Penser comme je le fais en ce moment. Et voir... voir le paysage. À ce que je vois, on est au printemps. Car il y a de petites flaques d'eau et un tout petit peu de neige. Juste assez pour voir le gazon. C'est magnifique. Parfois, je vois de très beaux oiseaux revenir du sud. Ils volent en forme de « V ». Eux aussi sont magnifiques. Tout comme le paysage. Les jours passent et la neige fond de plus en plus. Quant à moi, j'ai l'impression de grandir chaque jour. Un matin, j'entends des voix. Et je me rends compte de quelque chose. Je pense, je vois, j'espère et... j'entends! C'est extraordinaire!


Finalement, je crois que je ne suis pas une feuille... heu... pardon... un bourgeon comme les autres. À moins que je ne me trompe et que tous les bourgeons pensent, voient, espèrent et entendent. Mais cela m'étonnerait beaucoup. Bon, revenons à nos chères voix. Je me demande d'où elles viennent. Elles se rapprochent de plus en plus... et je remarque que ce sont des humains. Des humains qui parlent. Ils s'approchent de mon arbre avec un seau, un tuyau et une sorte d'outil à la main. C'est drôlement pointu. Ça y est! Ils sont devant mon arbre. Les deux humains prennent leur outil et… mais... ils percent un trou dans le tronc de mon arbre! Ensuite, ils mettent le

tuyau dans le trou et ils mettent le seau en dessous. Quand ils sont partis, je regarde mieux et je vois... de l'eau! Une seule petite goutte par seconde coule dans le seau. Si j'ai bien entendu leur conversation, ils vont la faire chauffer et ensuite, ça fera du virop... non... dirop... euh... quelque chose comme ça. Et à la fin, ça disait « d'érable ». Euh... attendez... Ah, j'y suis! Du sirop d'érable! C'est fou comme les humains sont intelligents! J'avais déjà entendu quelque part que la sève d'érable était sucrée.



Après avoir circulé durant 154 ans, la pièce de 1 cent a tiré sa révérence en 2012. Son coût de production était devenu trop important par rapport à sa valeur faciale.


Symbole


Le motif des deux feuilles d'érable, qui illustrent la pièce de 1 cent, a été utilisé pour la première fois en 1937. Il est l'oeuvre de l'artiste G.E. Kruger-Gray (KG).


Les peuples autochtones habitant l'est du pays appréciaient l'érable en raison de sa sève sucrée et des biens dérivés. Bien que cet arbre ait fortement marqué les premiers colons, ce n'est qu'au XIXe siècle que la feuille d'érable commence à apparaître comme un symbole d'identité nationale.

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Maintenant, chaque jour, c'est un plaisir de voir le seau se remplir. De temps en temps, les humains viennent prendre le seau quand il est plein. Un jour, j'ai même entendu parler d'une vatane à bucre. Ou alors c'était plutôt une batane à vucre. Euh... non... c'était une cabane à sucre! Les jours passent, le seau est plein et les humains sont revenus chercher le seau.


Été


D'habitude, ils reviennent quelques minutes plus tard pour replacer le seau, mais cette fois, ils ne reviennent pas. Je me demande pourquoi. Mais... il n'y a plus de neige. Il n'y a que des bourgeons à moitié sortis. On ne voit que le bout de leur feuille au bout de chacun d'eux. Je me demande si moi aussi... oui! Je suis un tout petit peu sortie. Pas de doute. Je crois qu'on vient de changer de saison. C'est l'été! Enfin... plutôt le début de l'été. Car hier, j'ai vérifié et je n'étais pas encore sortie. Puisque je suis plus grande, je peux regarder autour de moi, et non juste devant moi comme quand j'étais un bourgeon. Je regarde derrière moi et... Oh! Il y a une cabane! Sûrement cette fameuse cabane à sucre. Je vois aussi un sentier. Oh! Une mère et son enfant arrivent! L'enfant me regarde, me pointe, et il dit : « Maman, regarde cette moitié de feuille comme elle est zolie! » Sa mère répond : « Oui mon chéri, elle est très belle! » Quel gentil compliment! Ça fait vraiment plaisir à entendre. Quelques jours plus tard, je vois aussi des personnes à vélo. C'est très amusant de voir passer des humains... mais je m'ennuie.


Aujourd'hui, je suis toute sortie! Je suis tellement contente! Mais quelques jours plus tard, je m'ennuie... encore. Oh non! Un écureuil! Un écureuil qui s'en vient! Qui s'en vient vers moi! Il est maintenant devant moi! Je panique! Il me regarde! Mais finalement, il s'en va. Mais que je suis bête! Je ne suis plus un bourgeon, mais une feuille. Une feuille un peu idiote. Mais bon, oublions cela. Les jours passent et passent tout au long de l'été. Il fait chaud, très chaud. Chaque jour, j'ai vraiment l'impression de grandir un peu. Un jour, je deviens énorme. Tellement que je crois que j'ai atteint ma taille maximale. Je regarde les autres feuilles et elles sont toutes pareilles. Sauf la couleur. Il y en a des brunes, des oranges et des... euh... brunes-oranges. Je crois bien qu'on a changé de saison! C'est...

l'automne!


Automne


Je suis vraiment contente! Mais en fait, pas tout à fait, car bientôt, nous allons tomber et l'hiver va arriver. Tout comme la neige qui va nous recouvrir. Il y a, par contre, un bon côté à cela. C'est qu'ensuite, ce sera le printemps et que de nouveaux bourgeons vont apparaître. Mais ce n'est pas pour tout de suite, donc je n'y pense pas. Les semaines passent, jour après jour. Et parfois, je deviens plus orangée. Jusqu'à ce que je devienne entièrement orange. Un beau matin, je ne me sens plus très bien. Je me sens... vieille et sèche. Je me regarde et... oh! Je ne suis plus orange, mais brune. Un brun assez laid et vieux. Je remarque aussi que je commence à être sèche et croustillante. En effet, quelques jours plus tard, ma tige s'assèche. Le lendemain, pendant que je dors encore, un « crac » retentit et je me sens tout à coup très légère. Je me réveille en susaut et remarque que... je tombe. Tout doucement. C'est agréable d'être aussi légère. Mais bientôt, je touche le sol. Et... j'attends. Car je ne peux rien faire d'autre. Il commence à faire noir pendant que je m'endors. Tout comme les autres feuilles. Le lendemain matin, je me réveille. Mais pas parce que je ne voulais plus dormir. Parce que j'ai senti quelque chose de froid sur moi. Je regarde où je l'ai senti, et je vois... une goutelette d'eau. Il doit sûrement pleuvoir. J'en reçois encore et encore. Ce ne sont que de simples goutelettes d'eau. Je regarde plus attentivement et je vois... des flocons! Je pense que le pire est arrivé, c'est l'hiver.


Hiver


C'est la catastrophe! Il neige de plus en plus! Tout à coup, je pensais que c'était le pire cauchemar. Mais je vois au loin l'archi-méga-catastrophe. Des enfants! Ils sont en train de faire des batailles de boules de neige et des bonshommes de neige! Un enfant marche vers moi et... me marche dessus. Puisque j'étais très sèche, je me brise en mille morceaux. Et je m'enfonce dans la terre, en-dessous de la neige. C'est fini. Je vais disparaître. Par contre, je serai toujours là. Pas moi, car je vais me décomposer. Mais mon arbre, oui. Alors s'il vous plaît, si vous voyez un arbre, prenez-en soin. C'est peut-être le mien.