LA VERTU DE LA FEUILLE D'ÉRABLE
Alice Ricard, 12 ans
Salut ! Je m’appelle Léo. Aujourd’hui, je suis à l’érablière de mon grand-père qui se situe à Saint-Camille-de-Lellis, en Chaudière-Appalaches. Je suis là avec mes parents et mes deux soeurs. Mon grand-père nous a montré comment ramasser l’eau d’érable et comment la faire bouillir pour qu’elle se transforme en sirop. J’ai hâte de pouvoir goûter au bon sirop de mon grand-père.
Au moment où il se penche au-dessus de l’évaporateur, il nous pose une question à mes soeurs et moi.
- Voulez-vous que je vous raconte une histoire sur la vertu cachée du sirop d'érable.
Mes soeurs et moi, qui adorons les merveilleuses histoires de mon grand-père, répondons « oui » en choeur. Mon grand-père commence alors son récit.
« Il y a longtemps, un jeune loup, nommé Alfa, et son meilleur ami, un jeune cerf nommé Bois de Fer, décident d’explorer un nouveau territoire au-delà de la rivière. Ce territoire était rempli d’une sorte d’arbres qui leur était inconnue. En pénétrant dans la forêt, ils entendirent de nouveaux sons et sentirent de nouvelles odeurs. Ils avançaient tranquillement, plus méfiants que d’habitude. Tout à coup, ils entendirent un bruit de branche qui les fit sursauter. Un jeune lynx apparu devant eux et leur bloqua le chemin. Apeuré, Alfa se cacha dans un buisson. Son meilleur ami, tenta de s’enfuir mais il fonça dans un arbre. Malheureusement, ses bois restèrent pris dans l'écorce. Alfa vit un étrange liquide sortir de l'écorce et couler sur le cerf. Paniqué, il sortit du buisson pour aider son ami. Le lynx s’approcha doucement en fixant le cerf. Contre toute attente, le lynx grimpa sur l’arbre, gratta l’écorce et délivra le cerf, affolé. Curieux de savoir pourquoi le félin avait sauvé le cerf au lieu de l'attaquer, Bois de fer l’interrogea. Il répondit :
- Je n’avais pas l’intention de vous faire peur. Je voulais vous avertir de retourner chez vous. Depuis quelques jours, plusieurs de mes amis se font attraper par des amérindiens. Je crois qu’ils veulent les manger ! Je suis en train de prévenir tout le monde. Je suis navré de vous avoir effrayés.
Après avoir circulé durant 154 ans, la pièce de 1 cent a tiré sa révérence en 2012. Son coût de production était devenu trop important par rapport à sa valeur faciale.
Symbole
Le motif des deux feuilles d'érable, qui illustrent la pièce de 1 cent, a été utilisé pour la première fois en 1937. Il est l'oeuvre de l'artiste G.E. Kruger-Gray (KG).
Les peuples autochtones habitant l'est du pays appréciaient l'érable en raison de sa sève sucrée et des biens dérivés. Bien que cet arbre ait fortement marqué les premiers colons, ce n'est qu'au XIXe siècle que la feuille d'érable commence à apparaître comme un symbole d'identité nationale.

- Merci de m’avoir délivré de l’arbre, dit Bois de fer.
Le cerf se tourna vers son ami et découvrit qu’il s’était blessé en sortant rapidement des buissons. Du sang coulait sur sa patte droite. Ensemble, ils décidèrent de rentrer chez eux. Le lynx les guida jusqu’à l’orée de la forêt.
Soudain, un large filet leur tomba dessus et les trois animaux perdirent connaissance.
…
Alfa se réveilla dans un joli enclos rempli de feuilles particulières d’un rouge éclatant. Il avait des bandages sur ses plaies. Il observa autour de lui et remarqua qu’il y avait plusieurs lits de feuilles avec plein d’animaux blessés ou malades. Il vit aussi le lynx, qui veillait sur lui. Il chercha désespérément son ami du regard. Il l’aperçu enfin, entouré d’amérindiens qui le tenaient fermement. Alfa eut peur pour son ami. Le lynx lui dit d’une voix douce :
- Ils ne lui feront pas de mal, ils essayent de lui enlever la sève d’érable sur ses bois. Au fait, je m’appelle Patte Douce.
- Enchanté Patte Douce. Mais dis-moi, c’est quoi un érable ? questionna-t-il.
- Un érable, c’est l’arbre majestueux qui recouvre notre territoire.
- Oh ! C’est lui qui sent si bon.
- Oui ! Et ces lits de feuilles sont faits avec les grandes feuilles d’érable.
Plusieurs minutes plus tard, Bois de fer les rejoignit dans l’enclos. Content de revoir son ami sain et sauf, Alfa remua la queue.
Comment te sens-tu ? demanda le cerf.
- Très bien et toi ? Qu’est-ce qu’ils t’ont fait ? Répondit Alfa.
- Ils m’ont soigné moi aussi et ils ont nettoyé mes bois et mon pelage. Cette sève bizarre est très collante.
- Finalement, les amérindiens ne nous mangent pas ! dit Alfa en s’adressant au lynx.
- Non, je me suis trompé, avoua le lynx. Je crois finalement qu’ils nous guérissent. Regardez l’ourson là-bas, ils en prennent soin comme ils l’ont fait avec toi Alfa.
Bois de fer les interrompit :
- REGARDEZ LÀ-BAS ! Ils mettent la sève dans un chaudron au-dessus du feu. Je crois qu’ils la font bouillir.
Le lynx ajouta :
- Vous sentez ? Ça sent drôlement bon, non ?
Une heure plus tard, les amérindiens arrivèrent avec des bols pour chaque animal de l’enclos remplis d’un liquide visqueux et ambré. Intrigués, les trois amis goûtèrent du bout des lèvres… D’un seul coup, leurs yeux s’illuminèrent. Ils échangèrent un regard et se léchèrent les babines. Rapidement, ils burent le liquide jusqu’à la dernière goutte. Ils s’exclamèrent en choeur :
- C’EST UN VRAI DÉLICE !!!
- Les amérindiens appellent ça du sirop d’érable, expliqua le petit ourson assis près d’eux.
- C'est vrai que c’est sucré, dit Alfa.
Les trois amis se régalèrent. Deux jours plus tard, la tribu libéra les animaux guéris et ces derniers rentrèrent tous chez eux.
Depuis ce jour, chaque année, le loup, le cerf et le lynx rendent visite aux amérindiens au printemps pour guérir leurs blessures de l’année. Ils sont toujours heureux de recevoir le précieux sirop d’érable qui fond dans leur bouche. »
- Avez-vous apprécié cette histoire les enfants ? dit mon grand- père.
- Oui ! avons-nous répondu en coeur.
- Et alors, quelle est cette vertu cachée du sirop d’érable ? demanda-t-il.
J’ai tenté une réponse :
- Est-ce que le sirop guérit toutes les blessures en mettant du bonheur et de la joie dans le coeur de chacun ?
- Bravo Léo ! Tu as bien compris !
Mon grand-père nous annonce alors que le sirop est enfin prêt pour cuisiner plein de bonnes choses. Il nous regarde et nous tend trois cuillères en bois en nous faisant un clin d’oeil. « Dites-le pas à votre mère » dit-il. Le sourire aux lèvres, nous commençons à plonger les cuillères dans le sirop encore chaud et à lécher la palette.
Je crois que ça va être la meilleure journée de toute ma semaine de relâche.