LA LÉGENDE DE L'ÉRABLE

Evelyne Mercier, 9 ans



Il est dit que cette légende remonte à une époque où la tribu des Huron-Wendats vivait en parfaite harmonie avec la nature dans un lieu sacré appelé Huronie. La terre leur offrait tout ce dont ils avaient besoin : la chasse, les plantes médicinales, les forêts et les rivières nourrissantes. Parmi les membres de cette tribu, se trouvait un homme nommé Awen, ce qui signifiait "Ours". Il était fort, courageux, et doté d'une grande endurance, des qualités qui lui valaient le respect de tous. À ses côtés vivait Ninawah, une femme d'une beauté rare, gracieuse comme la brise qui danse entre les arbres. Leur amour naissant apportait de la joie à toute la tribu, et ils se promettaient une vie pleine de bonheur et de lumière.


Mais lors d'un hiver brutal, un mal étrange s'abattit sur la tribu. Une maladie contagieuse, semblable à la tuberculose, se propagea rapidement, emportant un à un les membres de la communauté. La terreur s'installa, et bien que la tribu fût forte, elle était vulnérable face à cet ennemi invisible. Comme Ninawah était enceinte, Awen et elle décidèrent de s'éloigner de la tribu, espérant se protéger et offrir une chance de vie à leur enfant à naître.


Ils se réfugièrent au coeur de la forêt, loin de la maladie. Là, ils commencèrent à bâtir une nouvelle demeure, un foyer pour leur famille à venir. Mais la maladie n'épargna pas Ninawah. Un jour, fiévreuse et affaiblie, elle commença à ressentir les symptômes de cette affliction. La terreur s'empara de son coeur, et Awen, tout aussi désemparé qu'elle, ne savait plus quoi faire.

Alors qu'elle luttait contre la fièvre, Ninawah tomba dans un profond sommeil. Dans ce sommeil, elle eut un rêve étrange, un souvenir lointain : une plante guérisseuse, Watekw-Nitchi, une plante de vie, capable de sauver ceux que la maladie frappait. Avec les dernières forces qui lui restaient, elle dessina la plante sur le sol, puis s'endormit profondément.


Awen, voyant cela, se sentit guidé. Il savait qu'il devait agir, et vite. Il prit les quelques réserves qu'ils possédaient, se préparant à partir à la recherche de cette mystérieuse plante. Sans un mot, il se lança dans une course effrénée vers le Sud, là où les terres étaient dégagées de neige. Son seul objectif était de trouver la plante de vie pour sauver son amour.


Jour et nuit, il courut, sans se reposer. Le froid mordant et la faim l'affaiblissaient, mais l'espoir le poussait à avancer. Après plusieurs jours de recherche, il aperçut enfin, dans une clairière baignée par la lumière douce du soleil, la plante tant cherchée. Il la cueillit avec soin, puis, sans perdre de temps, entreprit le chemin du retour.

Après avoir circulé durant 154 ans, la pièce de 1 cent a tiré sa révérence en 2012. Son coût de production était devenu trop important par rapport à sa valeur faciale.


Symbole


Le motif des deux feuilles d'érable, qui illustrent la pièce de 1 cent, a été utilisé pour la première fois en 1937. Il est l'oeuvre de l'artiste G.E. Kruger-Gray (KG).


Les peuples autochtones habitant l'est du pays appréciaient l'érable en raison de sa sève sucrée et des biens dérivés. Bien que cet arbre ait fortement marqué les premiers colons, ce n'est qu'au XIXe siècle que la feuille d'érable commence à apparaître comme un symbole d'identité nationale.

Le retour fut bien plus difficile que l'aller. Awen n'avait plus de nourriture, et son corps épuisé le trahissait. Il savait qu'il ne lui restait que quelques heures de force avant de s'effondrer. À mesure qu'il s'enfonçait dans la forêt, ses jambes s'épuisèrent et il tomba au sol sans espoir de se relever. Il se sentit sombrer dans un profond néant, et c'est alors qu'une étrange vision apparut devant lui : une silhouette imposante d'un ours, sa fourrure sombre et brillante dans l'ombre des arbres.


La peur l'envahit, mais il ne pouvait plus bouger. L'ours s'approcha lentement, levant ses puissantes pattes comme pour tuer. Mais au lieu de l'attaquer, l'ours frappa le gros érable juste à côté de lui, laissant tomber une pluie de sève. Le liquide doux et sucré coula jusqu'à son visage, puis dans sa bouche. Awen, vidé de toute énergie, se laissa porter par le goût sucré et la fraîcheur du liquide, sentant sa force revenir peu à peu. Lentement, ses yeux s'ouvrirent et une nouvelle énergie parcourut ses veines, lui permettant ainsi de poursuivre sa course. Il savait que l'esprit de l'ours l'avait guidé et redonné la force nécessaire pour sauver sa bien-aimée. Avec un dernier élan, il atteignit la hutte qu'ils avaient construite. Il prépara la tisane à base de Watekw-Nitchi, la plante de vie, et la donna à Ninawah.


Quelques heures plus tard, les symptômes de Ninawah commencèrent à s'estomper. La guérison s'opérait lentement mais sûrement. Awen, tout en observant la transformation de sa compagne, comprit la sagesse de l'esprit de l'ours. Il avait non seulement sauvé Ninawah, mais avait aussi appris un précieux secret : l'eau d'érable, qui se récoltait à la fin de l'hiver, possédait des vertus énergisantes, une découverte qui serait partagée avec les générations futures.


Les amoureux, guéris et pleins de gratitude, accueillirent leur premier enfant, un enfant né sous les auspices de l'esprit de l'ours et de la sagesse des anciens. Ensemble, ils fondèrent une nouvelle tribu, nourrie par l'amour, la connaissance et la beauté de la nature. Parmi les trésors qu'ils partagèrent avec leur peuple, le secret de l'A'tewe, l'érable, fut l'un des plus précieux.


Ainsi se tissa l'histoire des deux âmes liées par le destin, qui, grâce à leur foi et leur courage, avaient sauvé leur peuple et ouvert la voie à un avenir alliant nouvelles connaissances et sagesse ancienne.